Le microbiote et la perméabilité intestinale

  • « Bonjour. Vous allez bien ? » 

  • Pourquoi vous demande-t-on « comment ça va » ? C’est bien sûr pour avoir des nouvelles de votre santé. Mais comment quoi va et où ? L’indicateur essentiel de la santé, depuis le moyen âge, est principalement les selles, leur consistance et leur odeur.
  • Ce serait donc tout simplement un raccourci de : « De quelle façon allez-vous à la selle » ?

  • Idem chez nos voisins Anglais, où le « How do you do ? » se traduit littéralement par « Comment faites-vous ? », sous-entendu : « aux toilettes ».

  • Nous « allons bien » (ou pas !) en fonction de facteurs comme notre environnement, de ceux avec qui on vit…. qui sont beaucoup plus nombreux qu’on le pense ! 
  • On vit en symbiose avec tout ce qui nous entoure (nos proches, notre chien, la plante verte du salon…) mais aussi, et c’est une révélation stupéfiante, nous vivons en cohabitation, en nous, de milliers de milliards de bactéries d’une diversité incroyable : notre microbiote.  

  • Notre corps vit et fonctionne avec (et grâce à) 90 % d’être étrangers à nous-même, qui constituent comme un organe supplémentaire, indispensable à notre survie. 

  • Le principe d’une bonne santé consiste à vivre en bonne symbiose avec tout ce monde (rappel : symbiose = c’est vivre ensemble en tirant un bénéfice mutuel). 

  • Pourquoi parle-t-on surtout du microbiote intestinal ?
  • Parce que c’est dans le colon et l’intestin grêle que sont concentrées le plus de bactéries : 100 milliards de bactéries dans 1 petit gramme de selles ! 

  • On sait aujourd’hui que l’intestin joue un rôle clé dans notre immunité globale.
  • Quand le système digestif va, tout va. Et réciproquement. 
  • Mais si « nous n’allons pas bien », c’est que, la plupart du temps, la symbiose déraille, le pacte est rompu entre le petit monde qui nous habite et le reste de notre corps. Il y a de l’eau dans le gaz (et, du coup, des gaz dans le ventre !). 

LA DYSBIOSE

  • La dysbiose est un dysfonctionnement de la symbiose dont les conséquences peuvent être dramatiques : elle est LA cause du « Leaky Gut Syndrome », littéralement « l’intestin qui fuit » ou « Syndrome de l’intestin perméable ». 

  • Pourquoi la machine se dérègle-t-elle ? 

  • On a abordé quelques pistes dans le petit film, 
  • – Comme le stress  
  • – Une mauvaise alimentation (trop de sucres, d’acides gras saturés, de produits laitiers, gluten, viande, …) 
  • – Une attaque du 3ème type (antibiotiques, anti-inflammatoires, chimio)  

  • Ce peut-être aussi 
  • – Une guerre intestine (entre les organismes du microbiote entre eux ou entre nos cellules et le microbiote, une réaction xénophobe contre ces étrangers.
  • … Autant d’hypothèses /sans certitude. 

  • Ce qu’on sait en revanche, c’est comment se dérègle cette machine, quel est l’engrenage qui conduit aux symptômes. 

  • Lorsque le microbiote est perturbé, des bactéries se fixent sur la muqueuse de l’intestin grêle. Elles vont former des petites colonies qui vont progressivement attaquer la membrane et entraîner des lésions, et la membrane va laisser passer tout et n’importe quoi ! 
  • C’est devenu une vraie passoire, qui ne retient plus les substances toxiques pour l’organisme (comme les grosses particules de sucre, d’acides aminés, les métaux lourds, les pesticides, etc.).

  • Le Leaky Gut serait à l’origine de plus des trois quarts des maladies : les cancers, maladies auto-immunes, troubles digestifs, douleurs articulaires, problèmes cutanés, respiratoires, inflammations chroniques de la bouche (stomatites, parodontoses), algodystrophie, SEP, fibromyalgie, lupus, migraines, diabète, syndrome de la fatigue chronique, hépatites et pancréatites chroniques, allergies,  intolérances alimentaires, etc.

  • Avant de soigner le symptôme, il serait donc judicieux de commencer par s’occuper de nos intestins… et du petit monde qu’il accueille. 
  • « Accepter et respecter cette symbiose active est une clé de notre santé ».

PETIT RAPPEL SUR L’INTESTIN GRÊLE  

  • En médecine chinoise, l’intestin grêle est chargé de « faire le tri entre le pur et l’impur » : les choses utiles seront filtrées et envoyées vers le sang et la lymphe ; le surplus, l’inutile, le toxique continueront leur route vers le gros intestin pour être évacués de l’organisme.

  • L’intestin grêle a une fonction vitale : il est responsable de l’assimilation qualitative des substances nutritives et donc, pour cela, de l’ultime désintégration des aliments. 
  • A l’entrée de l’intestin grêle (au niveau du duodénum), un petit trou, la papille duodénale, permet aux sucs digestifs d’être projetés sur les aliments réduits en bouillie. Les morceaux de protéines (acides aminés), de lipides (acides gras) ou de glucides (glucose) doivent être totalement désintégrés pour pouvoir traverser la paroi intestinale et rejoindre le sang. 

  • L’intestin grêle est un long tube qui zigzague. Il mesure 3 à 6 mètres, et il est revêtu d’un épithélium très mince (4/100 mm) qui lui donne un bel aspect : « Une brillance veloutée,  une humidité rosée, une délicatesse étonnante » !

  • Pour remplir efficacement son rôle de barrière, sa paroi doit offrir la plus grande surface possible. Aussi, quand on y regarde de près, la membrane intestinale est toute plissée. 
  • En zoomant davantage, on s’aperçoit que, sur chaque millimètre carré, il y a une trentaine de villosités : des sortes de vagues, comme celles des pantalons en velours côtelé.  

  • Au microscope, on découvre que chacune de ces vagues est elle même sertie de nombreux fanons. 
  • Et chacun de ces fanons est lui-même hérissé d’innombrables structures glucidiques  qui ressemblent aux bois d’un cerf (le glycocalyx). 

  • Si l’on mettait tout cela à plat, notre intestin grêle atteindrait sept kilomètres linéaire ou, en superficie, une taille supérieure à un terrain de tennis… Résultat : une surface cent fois plus importante que celle de notre épiderme ! 

  • Sources : 
  • Dr René BERGEOT (homéopathe, Médecine Chinoise, Mycothérapeute)
  • « LE CHARME DISCRET DE L’INTESTIN »  Giulia Enders  (Ed. Actes Sud)

  • Evolution : Compétition ou partenariat ? 

  • Mythe moderne, la compétition comme seul moteur de la vie, de l’évolution et donc de relations politiques et économiques trouve ses racines chez le père du libéralisme, le philosophe Thomas Hobbes, et sa fameuse expression « la guerre de tous contre tous ». 
  • Cette idée se renforce au 19ème siècle avec la « sélection naturelle » prônée par Charles Darwin et elle explose dans la 2ème moitié du 20ème siècle, dans les théories génétiques et sociobiologiques, qui présentent les êtres vivants comme des marionnettes manipulées par des gènes dont le seul « objectif » est de survivre et de se perpétuer au milieu des tous les autres. 

  • Pourtant la compétition est un mode relationnel épuisant et dangereux, et elle ne s’exerce que ponctuellement chez les animaux. Les affrontements directs sont généralement évités à l’aide de « parades » destinées à impressionner le potentiel adversaire et mettre fin au combat avant qu’il n’ait commencé.

  • Dès 1902, un géographe russe, Pierre Kropotkine, publie « Mutual Aid » (dont la traduction française invente le mot Entr’aide pour l’occasion) : une étude des mécanismes de survie et d’évolution sur les terres sibériennes, qui fait apparaître bien plus de relations mutuellement profitables que de compétitions.

  • Mais ces observations ne sont pas conformes aux intérêts économiques et politiques du 20ème siècle, qui ont tout à gagner du mythe de la loi du plus fort, loi de la jungle par excellence. 
  • Aujourd’hui, les progrès dans les techniques d’observation du vivant, l’ouverture et les échanges entre spécialités scientifiques, l’évolution scientifique (par exemple avec l’épigénétique qui nuance les dogmes génétiques) mettent en lumière de très nombreuses observations d’entraide, que ce soit dans la nature ou chez les humains. C’est ainsi que l’on assiste aujourd’hui à l’émergence d’une « Nouvelle loi de la jungle » : celle de la collaboration. 

  • Quelques exemples de relations mutuellement bénéfiques :

  • – Dans les récifs coralliens, les anémones de mer protègent les poissons-clowns des prédateurs grâce à leur venin en échange de la nourriture qu’ils leur apportent.

  • – Depuis plus de 30 millions d’années les fourmis ont domestiqué les pucerons en troupeaux afin de traire leurs sécrétions de miellat (et de les manger de temps en temps en cas de nécessité). Les pucerons sont ainsi protégés des prédateurs, disposent d’abris et sont débarrassés de leurs champignons parasites.

  • – Le lichen est une incroyable symbiose entre un champignon et une algue : cette dernière fournit au champignon des sucres qu’elle produit par photosynthèse, en échange de quoi le champignon lui procure eau, sels minéraux et abri qui permet de vivre dans des endroits étonnants pour des algues et d’être la végétation dominante sur 6% de la surface terrestre du globe !

  • – Les championnes de l’entraide sont les bactéries. 

  • Présentes depuis le tout début de la vie sur Terre, soit 3,8 milliards d’années, les bactéries sont co-responsables de l’évolution de tous les autres êtres vivants et de tous les écosystèmes. Entre espèces différentes, elles sont capables d’échanger du matériel génétique afin de s’adapter rapidement quand les conditions du milieu se modifient. Les autres êtres vivants profitent de leur savoir-faire : fabrication de protéines avec de l’azote, aide à la digestion de nutriments difficiles, photosynthèse et respiration, etc.

  • L’entraide chez les humains 
  • L’homo economicus, rationnel et égoïste, n’a nulle part été observé. Au contraire, le fonctionnement humain, d’après les études, serait spontanément et intuitivement prosocial. 
  • Lors des grandes catastrophes, on constate des comportements d’entraide spontanés, allant de la politesse à l’acte héroïque. 

  • Les conclusions d’études à grande échelle se résument ainsi :

  • – Le modèle théorique d’un être humain rationnel et égoïste ne correspond pas du tout à la réalité.
  • – Les comportements prosociaux sont très communs tout autour du globe mais leur expression est très variable.
  • – Le nombre et l’intensité de ces comportements prosociaux augmentent lorsqu’on inhibe le raisonnement !!!
  • – Lorsqu’on force les sujets à réfléchir, ils se montrent plus égoïstes.

  • Quels sont les facteurs d’entraide ?

  • Dans un groupe, ce sont :
  • – Le sentiment de sécurité d’une « membrane » représentée par les – règles, la raison d’être et l’identité d’un groupe
  •  – Le sentiment d’égalité et d’équité (qui permet d’éviter les conséquences du sentiment d’injustice 
  • – Le sentiment de confiance qui en découle et qui entraîne chacun à donner le meilleur de lui-même pour le bien de tous.

  • On peut alors observer la magie du groupe opérer et voir apparaître l’équivalent d’un superorganisme.

  • Il existe aussi des facteurs extérieurs qui favorisent la coopération,  comme la présence d’un ennemi commun, un milieu hostile et un objectif commun. 

  • En guise d’épilogue les auteurs esquissent le portrait de la vie sur terre comme une mosaïque d’entraides depuis le début, toute l’évolution reposant sur des mécanismes qui favorisent les groupes soudés et coopératifs, et ils soulignent que les plus grandes innovations du vivant ont été basées sur des symbioses/fusions. 

  • Microbiote et relation  

  • Cf. « La biologie des croyances » du Dr Bruce H. Lipton : biologiste américain.

  • Bruce Lipton avait remarqué que c’est le partenariat qui a permis aux êtres vivants d’évoluer – en commençant par les organismes unicellulaires qui se sont associés par millions pour créer des organismes plus évolués. 

  • Mais de plus, Lipton a repèré que la conscience qui naît de ces associations croît de manière exponentielle. 

  • En effet, un des mécanismes de relation est le partage des gènes : ce mode d’alliance accélère l’évolution puisque les organismes peuvent acquérir les expériences « apprises » par d’autres organismes. 

  • Il existe même un domaine scientifique qui étudie ces relations : La biologie des systèmes.
  • Les gênes ne sont qu’une sorte de disque dur, un support de mémoire.  
  • Il y a une une surestimation de l’importance de la nature des gènes (= déterminisme génétique) qui nous fait penser que nous sommes victimes de notre hérédité.
  • Mais les gènes ne sont pas activés tant que rien ne les déclenche. 
  • Ce n’est que lorsque le produit d’un gène est nécessaire que ce gêne est activé par l’environnement.
  • En fait, les gènes ne sont que l’expérience acquise de la mémoire

  • Symbiose inter-organismes et association génétique
  • Les gènes humains ont une influence sur la génétique du microbiote et réciproquement. (Patricia vous en parlera tout à l’heure)

  • Il n’y a donc pas de murs entre les espèces. Il n’est plus possible de définir avec certitude ce qu’est une espèce. Donc « Soi » et « non-Soi » n’est plus aussi évident…  

  • B. Lipton a démontré que les cellules peuvent vivre quand on leur enlève le noyau avec le code génétique mais pas quand on leur enlève leur « peau ». Il en déduit donc que la peau (et la relation au monde extérieur) est vitale mais pas le noyau et le code génétique qui sert, lui, à la reproduction.

  • Nous pouvons trouver là un début d’explication sur le mécanisme de transfert/contre-transfert qui est à l’œuvre dans les séances de thérapie.

  • Comme nous nous en doutions, nous sommes en lien avec les personnes qui sont en travail avec nous. Nous pouvons donc affirmer qu’elles aussi sont en connexion avec ce que nous sommes, notre état psychique et physique déjà au travers du microbiote de la peau.
  • Si nous allons plus loin, nous pouvons faire l’hypothèse que le soin commencerait par les échanges entre microbiotes et donc la qualité du microbiote du thérapeute pourrait influencer celle du patient et inversement.

  • Ceci démontre que le travail thérapeutique est bien plus complexe qu’une relation par la parole et confirme la nécessité du travail sur soi du thérapeute (que ce soit psychique ou physique). 
  • Cela rappelle ce que faisaient les grands prêtres égyptiens aux temps des pharaons qui jeûnaient et se purifiaient avant les séances de soins.

ADN ET MICROBIOTE 

  • Grâce à de nouvelles techniques de séquençage génétique, un consortium international de scientifiques a élaboré une banque de données qui recense 10 millions de gènes de bactéries intestinales et le génome des bactéries provenant de 1000 patients issus de différents continents.

  • Ces bactéries sont d’une grande diversité et très différentes en fonction des types de population.
  • Nous avons tous un mélange spécifique d’environ 160 000 micro-organismes. 
  • Il y a des types de microbiote mais seulement 1% des gênes de bactéries digestives sont communs à tous.
  • Les chercheurs n’ont pas encore réussi à étudier ni la corrélation entre les gênes de ces différentes bactéries et leurs rôles, ni leur impact sur nos propres gênes. 
  • L’ADN bactérien et l’ADN humain ont la même composition chimique. Le code génétique est aussi identique, ce qui permet de produire des protéines humaines dans des bactéries par biotechnologie.

  • Pistes de réflexions :

  • On peut s’interroger sur la similitude de fonctionnement entre nos cellules et les bactéries : certaines ne se reproduisent pas, d’autres peuvent se suicider pour protéger la colonie, etc…  Chez les unes comme chez les autres, on observe une différence entre l’apoptose (suicide choisi pour préserver l’équilibre du vivant, une mort altruiste en conscience) et la nécrose (mort d’une cellule provoquée par l’attaque d’autres cellules, qui peut provoquer un déséquilibre allant jusqu’à la mort du tout).

  • Comment communiquent nos cellules et le microbiote ? Et pour quels types de messages ? 

  • Dans l’état actuel des connaissances, il semble que : 

  • – Le nerf vague permettrait de transmettre des infos entre l’intestin et le cerveau, (des infos simples et complexes comme les émotions).

  • – Les sentiments qui nous viennent des tripes, certaines signalisations en lien avec le bien-être et la dépression ou l’agressivité, pourraient partiellement être liés à la présence de certaines bactéries, aux messages qu’elles envoient et la production de certains neurotransmetteurs.

  • – 85% du neuro transmetteur de la sérotonine serait fabriqué par des cellules de l’intestin ; les bactéries influencent ces cellules pour en produire plus ou moins et donc font varier notre humeur.

  • Déclencheurs ? Accélérateurs ?  Inhibiteurs ? Certains éléments jouent un rôle mais qui pilote ces adaptations ?

  • On peut réfléchir à la notion de visible et d’invisible… de conscient et d’inconscient… Les toxiques, les antibiotiques (dans le processus alimentaire) évoquent l’invisible inconscient mis en lumière par les réactions visibles dans les selles ?

  • Importance d’une vision plus holistique, écologique, systémique de la maladie et de la guérison, appuyée par des outils plus puissants (technologie informatique)

  • Le Leaky Gut en décodage ?
  • Système digestif : digérer le morceau
  • Intestin grêle : trier le pur de l’impur
  • Colon : crasse 
  • Lésion : blessure, plaie (les ions, léser, liaison)
  • Perméabilité de la membrane : ne pas retenir, ne pas filtrer, tout laisser passer
  • Dysbiose : ne pas s’entendre avec l’autre, ne pas coopérer
  • Droite ou gauche : ça fermente (foie) ou ça pue (pancréas).

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