Symptômes et hypothèses de ressenti
Une problématique liée au temps se note dès sa première phrase qui est « je suis à l’heure, j’ai eu peur d’être en retard ».
Ses symptômes ont débuté il y a 6 ans. Elle présente une augmentation du volume de la thyroïde, qui peut varier, avec des sensations de douleurs régulières dans la gorge, une perte de poids, de la tachycardie. Elle se décrit comme « speed ».
Ses analyses de sang montrent une TSH diminuée, des taux T3-T4 qui augmentent, la présence d’anticorps antithyroïdiens.
Par ailleurs, sur le plan comportemental, elle a développé une hypocondrie : « je suis une angoissée de la vie, j’ai tellement peur de perdre la vie ».
Que se passe-t-il dans la maladie de Basedow ?
Physiologiquement, l’hormone TSH – produite par l’hypophyse, régule la production de T4 et T3. Ce sont ces hormones T3-T4 qui activent le métabolisme de toutes les cellules du corps. Elles agissent sur la croissance chez le jeune, la thermorégulation, le rythme cardiaque, la tension artérielle… Elles ont une action stimulante sur les os, les muscles, la peau, les poils et les cheveux, sur le système nerveux et aident la fonction digestive.
Normalement, ces hormones sont régulées par un mécanisme qu’on appelle rétro feedback : le taux de T3-T4 dans le sang est analysé par l’hypophyse, qui secrète de la TSH afin de le diminuer s’il est trop élevé.
Dans la maladie de Basedow, des auto-anticorps antithyroïdiens détruisent les récepteurs TSH sur la thyroïde. Les tissus thyroïdiens ne reçoivent plus l’information de la TSH, les hormones T3-T4 ne sont plus régulées et augmentent dans le sang.
Cela entraîne l’hyperthyroïdie avec tous les signes décrits chez cette patiente.
Et que nous dit le décodage biologique ?
Ce sont les cellules des canaux de la thyroïde (pour les spécialistes, il s’agit du tissu ectodermique du 4e étage qui a été en contact avec les muqueuses de la bouche) qui sont touchées.
L’hypothèse principale parle d’un vécu émotionnel avec une tonalité de séparation, dans un contexte social, relationnel.
Les ressentis peuvent être différents en fonction de la latéralité (droitière ou gauchère):
« Je me sens séparée de ma capacité à agir dans l’urgence face au danger, face au drame » ou encore « Il faut agir vite face au danger et je ne peux pas agir » (pour une femme droitière).
ET/OU (car elle est ambidextre)
« J’ai peur de la maladie », « je vois la mort en face », « je ne peux pas faire confiance à mon corps » (pour une femme gauchère).
De plus, la dimension auto-immune enrichit l’hypothèse :
« Je ne peux pas vivre avec ça en moi »
« A quoi bon vivre, je ne me sens pas capable de vivre avec ce drame inscrit dans ma thyroïde ».
La biologie répond à ce ressenti en développant des auto-anticorps pour détruire les tissus thyroïdiens. En conséquence le métabolisme de base est accéléré. Le drame est si important que cela devient une question de vie ou de mort.
- Et en pratique, quelles stratégies d’accompagnement mises en place ?
Mon objectif est de trouver le drame initial, où elle se sent sidérée, impuissante à agir dans l’urgence et/ou elle voit la mort en face.
Cela se passe sur plusieurs séances :
Le choc qui a déclenché la maladie (déclenchant) est l’annonce, en pleine nuit, par téléphone, du cancer d’un oncle qui est sur le point de mourir. C’est un véritable choc inattendu, dramatique, vécu seule et sans solution. En restant connectée au ressenti de ce choc, je lui propose de remonter dans le temps. Elle se souvient mais l’accès à ses ressentis est limité par son mental.
Il est ainsi difficile de retrouver un drame initial. La mort est présente tout au long de son enfance, 14 morts dramatiques l’ont touchée de près.
Le combat vie/mort est très fort en elle : pour vivre, je dois détruire, faire mourir une partie de moi (c’est le ressenti de la maladie auto-immune).
Cette structure mort/vie m’évoque l’hypothèse du syndrome du Gisant de Salomon Sellam. Elle pourrait porter la mémoire d’un ancêtre mort de manière dramatique dont le deuil n’a pas été fait. Sa peur de mourir à un âge précis, 33 ans, est un indice confirmant cette piste de travail.
Après 2 mois de recherche, elle découvre un oncle, dont elle n’avait jamais entendu parler, mort à 33 ans d’un accident. Elle est née quelques années après, à la date de la mort de cet oncle. Cela explique sa peur de mourir à 33 ans. Elle trouve donc l’ancêtre dont elle est gisante.
Sur plusieurs séances, je l’accompagne dans un travail de mise en scène à l’aide de peluches pour la représenter elle et son oncle décédé et ainsi discerner ce qui est lui, ce qui est elle, tout en développant son accès au ressenti.
Le travail du deuil de cet ancêtre est complété par plusieurs actes symboliques (lettres à son oncle et à sa grand-mère, plantation d’un arbre lors de son 33ème anniversaire)
La parole s’ouvre autour d’elle, on peut enfin parler de ce mort dans sa famille.
Après ce travail : les symptômes physiques et psychique sont apaisés (poids stabilisé, disparition de la tachycardie, taux thyroïdiens normalisés, l’hypocondrie se calme). Le rendez-vous avec son médecin confirme cela. L’objectif est atteint.
Résumé
Une femme, ambidextre, atteinte d’hyperthyroïdie de Basedow., vient en consultation.
Le métabolisme est accéléré : tachycardie, perte de poids, suractivité psychique, avec destruction auto-immune de tissus thyroïdiens.
Hypothèse de travail : drame vécu où elle voit la mort en face, et elle ne peut pas agir.
Mise au jour de sa structure autour de la mort, du deuil et du syndrome du gisant.
Résultat : apaisement des symptômes après 9 mois de thérapie et d’accompagnement avec différents protocoles.