LA DOULEUR Partie 1

Physiologie de la douleur : le système nerveux.

Les voies de la douleur ; le « gate control ».

Travaux de la commission Recherche de l’A.I.P.D.B.S. 2019-2020  sur le sujet de la douleur. Cette recherche fait l’objet de plusieurs parties sĂ©parĂ©es.

SOMMAIRE

  • Physiologie de la douleur
  • Les voies de la douleur

Physiologie de la douleur

  • Pour l’International association for the study of pain, qui regroupe tous les mĂ©decins et chercheurs spĂ©cialistes de la douleur, la douleur est dĂ©crite comme une « expĂ©rience sensorielle ET Ă©motionnelle dĂ©sagrĂ©able en lien avec une lĂ©sion tissulaire rĂ©elle ou potentielle. Â»

  • Si on n’est pas dans une expĂ©rience Ă©motionnellement dĂ©sagrĂ©able, on ne parle pas de douleur mais de nociception (mĂ©canismes permettant la dĂ©tection et la transmission des stimulations susceptibles de porter atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© de l’organisme).
  • Le Système nerveux
  • Le signal de la douleur est transmis par des cellules nerveuses spĂ©cialisĂ©es (les rĂ©cepteurs) que l’on trouve dans la peau et dans l’ensemble des tissus du corps. Ces cellules rĂ©agissent aux blessures, inflammations et lĂ©sions tissulaires.
  • Dès rĂ©ception de ces messages, le signal est vĂ©hiculĂ© par voie Ă©lectrique et chimique, passant, via les neurones sensitifs, des rĂ©cepteurs Ă  la moelle Ă©pinière, qui peut dĂ©clencher une rĂ©action rĂ©flexe et provoquer le retrait de la main avant mĂŞme qu’il y ait une sensation de douleur. On parle alors d’arc rĂ©flexe.

  • Deuxième possibilitĂ© : le message est encodĂ© par la moelle Ă©pinière, qui le transmet au cerveau pour interprĂ©tation.
  • Grâce Ă  l’imagerie cĂ©rĂ©brale, on sait aujourd’hui que le message atteint Ă  la fois les zones du cerveau spĂ©cifiquement dĂ©diĂ©es aux informations sensorielles, et des zones non spĂ©cifiques de la douleur que sont les zones de l’attention, les zones de l’émotion responsables de la dĂ©plaisance, ou les zones de la mĂ©moire qui cherchent si l’on a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  une douleur identique. Ce sont ces dernières rĂ©gions qui font accĂ©der le stimulus Ă  notre conscience et en font une vĂ©ritable expĂ©rience.
  • En l’absence de douleur, tout se passe comme s’il y avait un Ă©quilibre entre la perception des stimulations produisant la douleur et des systèmes de contrĂ´le inhibiteurs. Les phĂ©nomènes douloureux surviennent soit en cas d’excès de stimulation des rĂ©cepteurs soit par insuffisance des contrĂ´les inhibiteurs.

Les voies de la douleur

  • Les fibres nociceptives sont de petit calibre, Ă  vitesse lente (30m/s); elles vont des rĂ©cepteurs nociceptifs  jusque dans la corne postĂ©rieure de la moelle Ă©pinière, d’oĂą un message est envoyĂ© au cerveau (en rouge sur le schĂ©ma).

  • Arc rĂ©flexe mĂ©dullaire
  • Les rĂ©flexes dĂ©pendent de la moelle Ă©pinière.
  • Le centre nerveux est la moelle Ă©pinière.
  • Un rĂ©flexe est une rĂ©action de l’organisme en rĂ©ponse Ă  une stimulation sensitive particulière, donc c’est un mouvement coordonnĂ© ; on parle d’une autonomie mĂ©dullaire. 

 

  • Cette rĂ©ponse a certains caractères :

 

  • – elle est involontaire.
  • – elle est inconsciente, c’est-Ă -dire qu’elle ne dĂ©pend pas des centres supra spinaux
  • – c’est une rĂ©ponse stĂ©rĂ©otypĂ©e (elle est toujours la mĂŞme).
  • – c’est une rĂ©ponse prĂ©visible. 
  • L’arc rĂ©flexe va du neurone sensoriel qui capte le stimulus (le coup) au neurone moteur qui ordonne la rĂ©ponse (le mouvement)

Filtres modulateurs de la douleur

  • GATE CONTROL (ou portillon)

La théorie du Gate Control est proposée par Ronald Melzacket Patrick Wall en 1965

  • La thĂ©orie du Gate Control est proposĂ©e par Ronald Melzacket Patrick Wall en 1965
  • C’est un filtre modulateur de très grande importance sur le chemin de la douleur qui en rĂ©gule son entrĂ©e.
  • Il existe un neurone intermĂ©diaire qui inhibe (voire Ă©teint) le message douloureux du nerf pĂ©riphĂ©rique.
  • les fibres nociceptives sont de petit calibre, Ă  vitesse lente(30m/s), elles vont des rĂ©cepteurs nociceptifs  jusque dans la corne postĂ©rieure de la moelle Ă©pinière. 
  • Les fibres nerveuses  liĂ©es Ă  la sensibilitĂ© tactile, le toucher, Ă©tirement faible, les rĂ©cepteurs non nociceptifs, le froid, le chaud, sont myĂ©linisĂ©s et sont de gros calibre Ă  vitesse de conduction rapide (100m/s).
  • MĂ©taphore :
  • Les fibres nerveuses liĂ©es aux rĂ©cepteurs nociceptifs sont de petit calibre Ă  vitesse de conduction lente : c’est la route nationale
  • Les fibres nerveuses liĂ©es Ă  la sensibilitĂ© tactile sont de gros calibre Ă  vitesse de conduction rapide : c’est l’autoroute.
  • Le neurone intermĂ©diaire est le pĂ©age.
  • Lors d’un stimulus nocicepteur, l’info prend la route nationale.
  • Lorsque je frotte la peau, l’info prend l’autoroute.

 

  • ArrivĂ©e au pĂ©age, l’info qui prend l’autoroute a la prioritĂ©, ce qui bloque la transmission du message douloureux qui elle, a pris une route moins rapide. C’est pourquoi, lorsque je me cogne, le fait de frotter la zone diminue la sensation de douleur. Il en est de mĂŞme pour le massage, les bandages, les contentions, le TENS (Ă©lectro-stimulation).

VOIE DESCENDANTE DE LA DOULEUR : CIDN (ContrĂ´le Inhibiteur Diffus de la Nociception)

 

  • Cette voie part des noyaux cellulaires spĂ©cifiques (thalamus, noyaux gris centraux, …) jusqu’Ă  la corne postĂ©rieure de la moelle (en vert sur le schĂ©ma).
  • MĂ©taphore :
  • La douleur est le signal d’alarme tout entier.
  • Selon Ben Kormack (expert dans la prise en charge de la douleur par les neurosciences et le mouvement), « La quantitĂ© de douleur dont vous faites l’expĂ©rience n’est pas forcĂ©ment proportionnelle aux dommages tissulaires, elle dĂ©pend de combien votre corps croit que vous ĂŞtes en danger ».
  • La nociception, la douleur est le voyant orange qui s’allume sur le tableau de bord : plus d’essence.
  • Il informe du danger de la panne d’essence.
  • L’intensitĂ© de la douleur est proportionnelle Ă  la rĂ©action que vous allez avoir face au voyant allumĂ©.
  • Pour comprendre un peu plus en dĂ©tails :
  • 1- Certain vont se dire : ce n’est pas grave, le voyant, je n’y fais pas attention mais je vais gĂ©rer le fait de trouver une station pour refaire le plein.
  • 2- D’autre en fonction de leur stress actuel, de leur expĂ©rience passĂ©e (si vous ĂŞtes dĂ©jĂ  tombĂ© en panne), de l ‘endroit paumĂ© oĂą vous ĂŞtes dans lequel il n’y a pas de station, vous allez rĂ©agir et ne porter votre attention que sur ce voyant orange :  Hyper-vigilance, catastrophisation (forme d’anxiĂ©tĂ© qui amène le patient Ă  imaginer des scĂ©narios catastrophes).
  • 3- Certains ne verront mĂŞme pas le voyant (ceux qui continuent malgrĂ© la douleur) et tomberont en panne.
  • La production et la perception de la douleur nous permet de modifier notre comportement et notre physiologie.
  • L’inhibition descendante est aussi mise en jeu par la distraction, l’hypnose, ou d’autres protocoles thĂ©rapeutiques
  • (ex. : mettre la douleur Ă  l’extĂ©rieur, changer la perception de la douleur…)
  • A l’inverse, l’activation descendante est mise en jeu par l’attention, l’anticipation, la rĂ©activation mnĂ©sique de douleurs passĂ©es…
  • Les infos nociceptives ne produiront pas forcement de douleur. Elles sont codĂ©es comme «information non importante » et le cerveau produit une perception de non douleur.
  • Exemple : Certains surfeurs ont le mĂŞme type de tĂ©moignage que Betany Hamilton, adolescente Ă  l’époque, qui s’est fait arracher le bras par un requin tigre : « J’étais juste sous le choc et je n’ai ressenti aucune douleur. Heureusement car les choses ne se seraient pas passĂ©es aussi bien si j’avais eu mal ».
  • Car pour elle, le meilleur choix Ă©tait de survivre et non pas d’avoir mal.
  • A l’inverse, des informations non nociceptives pourront nĂ©anmoins ĂŞtre codĂ©es  comme douloureuses, si le cerveau dĂ©cide que notre corps doit faire quelque chose pour changer une situation qu’il estime dangereuse : lĂ , le meilleur choix est d’avoir mal.
  • Exemple : Le cas d’un ouvrier qui tomba sur un clou de 15 cm, transperçant sa botte au niveau de l’avant pied. L’homme Ă©tait tellement Ă  l’agonie qu’il a dĂ» ĂŞtre sĂ©datĂ© en salle d’urgence. Quand la botte a Ă©tĂ© coupĂ©e il s’est avĂ©rĂ© que le clou Ă©tait passĂ© entre les orteils !! La douleur Ă©tait provoquĂ©e uniquement par une perception erronĂ©e du danger. 

 

  • Sources :
  • Gate control : Pain mechanisms, a new theory
  • Voies descendantes de la douleur : 

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