La douleur en France : statistiques. Les mots de la douleur. Les échelles d’évaluation. Les répercussions de la douleur
Travaux de la commission Recherche de l’A.I.P.D.B.S. 2019-2020 sur le sujet de la douleur. Cette recherche fait l’objet de plusieurs parties séparées.
La douleur en France
- La douleur serait à l’origine de près de deux tiers des consultations médicales…
- Sa prise en charge demeure pourtant un problème majeur puisqu’en France, 64% des personnes recevant un traitement rapportent être modérément soulagées sur le long terme.
- Les douleurs chroniques affectent 30% des adultes, soit environ vingt millions de Français. Cette incidence augmente avec l’âge. Dans les deux tiers des cas, les douleurs sont d’intensité modérée à sévère. Elles affectent davantage les femmes et les catégories socio-professionnelles les moins favorisées.
- Les douleurs neuropathiques concernent près de 7% des Français, avec un pic entre 50 et 64 ans. Ces douleurs touchent davantage des personnes ayant des professions manuelles et vivant en milieu rural.
- T’as mal où ?
- Les douleurs répertoriées affectent principalement le dos, le cou et les épaules, les membres, la tête, l’abdomen.
- T’as mal comment ?
- Bien que la douleur repose sur un ressenti personnel, il existe des outils pour la caractériser et l’évaluer. Des questionnaires et des échelles de douleur permettent d’en décrire les symptômes, d’en mesurer l’intensité et l’impact sur la qualité de vie. Ces outils aident les équipes médicales à adapter le traitement.
- LES MOTS DE LA DOULEUR
- Décrivez la douleur telle que vous la ressentez en général.
- Sélectionnez les qualificatifs qui correspondent à ce que vous ressentez. Dans chaque groupe de mots, choisir le mot le plus exact.
- Précisez la réponse en donnant au qualificatif que vous avez choisi une note de 0 à 4 :
- 0 : absent / pas du tout
- 1 : faible / un peu
- 2 : modéré / moyennement
- 3 : fort / beaucoup
- 4 : extrêmement fort /insupportable
- Les possible descriptions:
- Battements / Pulsations / Élancements / En éclairs / Décharges électriques / Coups de marteau
- Rayonnante / Irradiation
- Piqûre/ Coupure/ Pénétrante/ Transperçante/ Coup de poignard
- Pincement/ Serrement/Compression/Ecrasement/En étau/Broiement
- Tiraillement/Etirement/Distension/Déchirure/Torsion/Arrachement
- Chaleur/Brûlure/Froid/Glace
- Picotements/Fourmillements/Démangeaisons
- Engourdissement/Lourdeur/Sourde
- Epuisante/Fatigante/Ereintante
- Nauséeuse/Suffocante/Syncopale
- Inquiétude/Oppressante/Angoissante/Harcelante/Obsédante
- Cruelle/Torturante/Suppliciante
- Gênante/Désagréable/Pénible/Insupportable
- Énervante/Exaspérante/Horripilante
- Déprimante/Suicidaire
- T’as mal combien ?
- Difficile de quantifier la douleur ! Chacun de nous a son seuil de tolérance au mal, il est donc relatif et subjectif…
- Une vingtaine d’échelles différentes d’évaluation sont utilisées par les professionnels de santé, en fonction du type de patient (nouveau-né, enfant, adulte, handicapé, personne âgée, …) et même parfois les zones de douleur.
- C’est le score obtenu par ces évaluations qui détermine la prise en charge ou pas de la douleur du patient.
- Pour simplifier, voici quelques exemples utilisés dans les services de médecine.
- 1) Auto-évaluation de l’adulte
- Échelle Verbale Simple (EVS) : Douleur absente = 0 ; douleur faible = 1 ; douleur modérée = 2 ; douleur intense = 3 ; extrêmement intense = 4.
- Le patient nécessite une prise en charge de la douleur si EVS ≥ 2.
- 2) Auto-évaluation de l’enfant
- Echelle de visages : Le patient nécessite une prise en charge de la douleur lorsque le score est de 3-4/10.
- 3) Échelles d’hétéro-évaluation de la douleur
- Lorsque le patient n’est pas en état de pouvoir parler, il existe une palanquée d’échelles « comportementales », destinées à tous les cas possibles :
- nouveau-né : pour une douleur de base ou celle d’un soin
- enfant : douleur d’un soin, situations d’urgence, prostration en oncologie, en réanimation, handicapé
- adolescent, handicapé
- adulte : handicapé, en réanimation
- personne âgée
- A titre indicatif, voici quelques critères d’évaluation utilisés pour les personnes âgées :
- 4) Echelles utilisées pour dépister la douleur neuropathique :
- La plus répandue, le « DN4 », est constituée de dix questions sur la douleur auxquelles le patient doit être en état de répondre oui ou non : ses caractéristiques (brûlure, froid, électrique), associée à des symptômes (fourmillements, picotements, engourdissements, démangeaisons), diminution de la sensibilité au toucher ou à la piqûre, provoquée ou augmentée par le frottement.
- Les hommes plus douillets que les femmes !
- Les hommes seraient plus douillets que les femmes… Est-ce une idée reçue ? Une invention futile de femmes jalouses de la supériorité musculaire des hommes ? Un complot féministe pour tenter de fragiliser le modèle patriarcal ?
- Une récente étude canadienne sur des souris puis des humains semble répondre : non, c’est une simple observation de bon sens reproductible scientifiquement et qui permet de mettre en lumière l’importance de la mémoire et de la testostérone dans l’expérience de la douleur.
- L’étude en question révèle que les mâles non castrés (présence d’un certains taux de testostérone dans l’organisme) font appel à une mémoire contextuelle pour anticiper une expérience douloureuse vécue précédemment, ce qui augmente le niveau de stress et de sensibilité. Dans les faits, mâles et femelles ressentent la douleur de la même manière lors d’une première exposition, mais lors de la seconde exposition (dans le même contexte) la douleur est ressentie plus intensément par les mâles. Certains extrapolent une fonction archaïque de survie pour le mâle qui explorait son territoire et évitait ainsi de s’exposer plusieurs fois au même danger.
- Les répercussions de la douleur :
- La douleur à un impact psychologique, social, et physiologique. Elle est souvent associée à des dépressions, une anxiété, des troubles du sommeil.
- Elle a également un impact économique…